Donner du sens à sa tâche apparaît comme une condition sine qua non pour le bonheur au travail. Alors, on ne peut même plus être un imbécile heureux ? Graeme Cowan nous donne 5 raisons pour lesquelles, au travail, le sens importe plus que le bonheur.
Le monde occidental souffre d’un déficit de sens et c’est particulièrement évident dans le monde du travail. Les changements perpétuels et l’incertitude sont incroyablement stressants. Les employés sont de plus en plus préoccupés par l’incertitude et la précarisation. L’obligation de faire « plus avec moins » fait des ravages, surtout quand l’employé n’arrive pas à faire un lien direct entre une tâche et sa finalité. Très peu d’employés peuvent dire « la vision de mon entreprise me motive ». Alors, pourquoi le sens importe plus que le bonheur au travail ?
Le bon sens
Les problèmes peuvent bien sûr entacher notre bonheur. Mais puisque les conflits, le stress et les contraintes sont le lot quotidien ou : sont admis par les managers comme une composante du monde du travail, on ne peut s’épanouir au travail qu’en donnant du sens à ce qu’on fait.
Le sens de la relativité
La satisfaction des désirs est une source fiable de bonheur. Mais si, dans le travail, on base son estime de soi sur son titre, ses perspectives de carrière, ses relations hiérarchiques, de tels facteurs éphémères peuvent changer du jour au lendemain. En se maintenant le cap sur le sens ou l’objet de son travail, on est moins sensible aux aléas des relations professionnelles et des fluctuantes dynamiques internes.
Le sens de la durabilité
Le sens et le bonheur ont des périodicités différentes. Le bonheur concerne le présent, alors que le sens s’attache au passé, au présent et au futur. Le travail devrait ouvrir des perspectives d’avenir motivantes. Mais si on veut être plus heureux, mieux vaut se concentrer sur le présent, surtout si nos besoins sont satisfaits. Le sens provient davantage de l’alignement cohérent : passé, présent et futur. Le sens étant considéré comme durable, on devrait, en toute logique, établir un bonheur plus durable en cultivant le sens.
Le sens de la contribution
Le sens vient du fait de contribuer, tandis que le bonheur vient de ce qu’on a contribué pour vous. Cela va à l’encontre de certaines idées reçues: il est largement admis qu’aider d’autres personnes rend heureux. Aider les autres contribue grandement au sens, indépendamment du bonheur ; mais ceci ne semble pas stimuler le bonheur, indépendamment du sens. Dans l’ouvrage de Jim Collins Good to Great, l’auteur constate, dans des entreprises très florissantes, un style de leadership qu’il nomme Niveau 5 (Level 5). Les leaders de « niveau 5 » sont ceux qui sont mus par la vision de l’entreprise, et la croissance et l’épanouissement des collaborateurs, c’est à dire ceux qui y contribuent. Certains appellent cela le Leadership « au service » (Servant Leadership).
Le sens de l’identité
Les activités qui permettent au soi de s’exprimer sont une importante source de sens, mais contribuent assez peu au bonheur. Au cours d’un sondage, j’ai demandé à plus de 4000 personnes qui ont subi des revers importants ce qui les a le plus aidé à remonter la pente. Sur 60 propositions, un travail satisfaisant venait en 6ème position. Alors autant choisir un travail qui a du sens pour vous ! je suggère à la place en conclusion : alors sens ou bonheur ? Les deux, mon Général !
Cet article est une libre adaptation avec l’accord de Graeme Cowan, consultant, conférencier et auteur qui accompagne les leaders pour accroître la résilience, le bien être et la performance.
En savoir plus sur Graeme Cowan http://www.graemecowan.com.au/