créature d'un jour d'étéPar Arnaud Constancias

Si vous avez lu un livre d’Irvin Yalom, à coup sûr, vous avez eu envie d’en lire d’autres tant cet étonnant et prolifique psychiatre-philosophe-conteur américain sait accrocher le lecteur et le passionner. « Créatures d’un jour », c’est un ensemble d’histoires de thérapie, comme dans « le Bourreau de l’amour » ou dans « La malédiction du chat hongrois » du même auteur. Irvin Yalom conte dix cas cliniques reliés par le thème existentiel de la mort proche, pas vraiment gai bien sûr, mais il arrive à nous capter, à nous remuer émotionnellement et à nous faire prendre de la hauteur grâce aux belles et nombreuses références à Marc-Aurèle, ce philosophe qui ne voulait pas être empereur, auteur des « Pensées pour soi-même ».

Yalom nous fait participer à ses propres interrogations pendant les séances, ses doutes, ses transgressions parfois et rend ainsi ces récits très vivants et très didactiques. De sorte que, de livre en livre, il nous enseigne de façon concrète comment il accompagne les patients, et nous décrit sa manière très personnelle, humaniste avant tout, de conduire une thérapie. Enfin cette méthode se rapproche à de nombreux égards de celles qu’utilise un  coach professionnel.

Je vous la livre en quelques points, et bien sûr de manière non limitative tant le génie clinique de l’auteur est protéiforme :

 

·       L’ici et maintenant : ce qui se joue dans la séance entre le thérapeute et le patient est ce qui compte le plus pour Irvin Yalom. Comme en coaching, le processus parallèle est pour lui un outil de premier choix.

·       Le concret : il demande systématiquement au patient de décrire une journée pour se faire une représentation du quotidien de ce dernier.

·       La prise en compte du timing et de l’heure, sa plasticité pour s’y adapter et aussi sa capacité à intervenir sur des formats courts allant jusqu’à une ou deux séances.

·       L’honnêteté et la simplicité à reconnaître devant le patient ses propres erreurs.

·       L’aversion aux catégories diagnostiques des psychothérapeutes et la surprise de constater que chaque patient trouve une voie de guérison personnelle et inattendue

·       L’empathie qui est une de ses qualités primordiales et qu’il exprime en donnant toujours la priorité à la relation.

·       Parler de soi : Irvin le fait souvent en thérapie, pour renforcer le lien avec le patient d’abord, pour  susciter l’interrogation ensuite.

·       Son insistance à faire s’exprimer le patient quitte à le « malmener » parfois. Yalom l’invite explicitement à prendre des risques à chaque séance.

·       Les exemples et mises en perspective avec des apports littéraires ou philosophiques (voir ses ouvrages sur Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche, Irvin Yalom…).


 

Yalom a beaucoup inspiré ma pratique de coach ; il est pour moi un modèle d’intelligence pratique et clinique qui se ressource constamment à la lecture des penseurs sans jamais se prendre au sérieux et utilise l’humour avec finesse, comme un défi décalé à la finitude des choses et des êtres.

 

Pin It on Pinterest